Sommaire
- Les avantages de la micro édition
- Les inconvénients de la micro édition
- Travailler seul ou accompagné
- C’est une entreprise comme une autre
- Philosophie de vie
- Matériel et outils nécessaires pour se lancer
- Les outils que j’utilise
- Mes créations en tant que micro éditeur
La micro édition (ou microédition, je crois qu’on peut écrire les deux ou encore auto édition), c’est une façon artisanale d’éditer du contenu en faible quantité. Forcément, si c’est artisanal, on n’est capable de réaliser que peu d’exemplaires. Au contraire l’édition classique et la grande édition utilisent des procédés de production industriels. Quand on compte les exemplaires à l’unité ou par dizaines en micro édition, on peut les compter par milliers et dizaines de milliers (voire plus) pour la grande édition. On ne joue pas dans la même catégorie.
Un micro éditeur peut éditer tout ce qu’il souhaite. J’ai choisi pour ma part de me concentrer sur le JdR pour le moment, mais l’objectif est d’étendre l’activité à tout l’univers de l’imaginaire, bande dessinées et romans (et plus encore, pourquoi pas).
JdR est un sigle qui signifie Jeu de Rôle. Il s’agit d’un type de jeu de société particulier qui fait appel à l’imagination des joueurs. L’un d’eux est le maître (ou meneur) du jeu. C’est un conteur qui s’appuie sur un scénario et des règles. Les autres incarnent des personnages variés qui explorent un univers imaginaire. Le maître de jeu présente des situations et les joueurs indiquent ce que souhaitent faire leurs personnages. Il faut réagir aux évènements en improvisant. On joue un rôle. Au fur à et mesure, une histoire se déroule, une aventure. Le maître de jeu dispose d’une trame principale et de nombreux éléments pour l’aider à faire progresser les joueurs.
Pourquoi utiliser la micro édition en JdR ?
La micro édition possède un certain nombre d’avantages, ainsi que des inconvénients bien entendu que nous verrons plus bas. D’abord, en tant que procédé artisanal, on peut se débrouiller avec les moyens dont on dispose. Parfois, ce n’est pas grand chose, mais c’est très économique. Nul besoin d’investir dans du matériel couteux ou de grosses machines.
On dispose d’une autonomie totale qui n’est limitée que par les moyens mis en œuvre. Aucune censure d’un éditeur, aucune obligation, pas de délais à respecter. C’est vous qui définissez les règles. Bien entendu, il faut quand même respecter les lois, je préfère le rappeler. Ce n’est pas parce qu’on est libre qu’on peut faire n’importe quoi. On peut tester, expérimenter sans graves conséquences. Les échecs ne sont pas importants, mais les réussites non plus…
Les inconvénients de la micro édition
En contrepartie de cette absence de limites et des faibles coûts de production, on ne bénéficie pas de l’expérience, des contacts et des moyens en général d’un éditeur classique. Et c’est là que se trouve tout le problème. Il est par conséquent beaucoup plus difficile de se faire connaître et donc d’espérer vivre de sa passion exclusivement par ce biais.
Une fois passée l’euphorie des premières productions pour lesquelles on ne s’impose rien, il faut revenir un peu sur terre et réfléchir. Créer quelque chose qui nous plait, à mon avis, c’est le propre de l’art. C’est très égoïste. D’abord, on crée pour soi. Le regard des autres peut également être très important.
Cependant, pour développer une micro édition (je rappelle qu’il s’agit là d’une activité économie, même si elle est limitée), il faut créer des choses qui plaisent avant tout aux autres, ou qui leur sont utiles. La difficulté réside dans le fait d’arriver à concilier ce qui sera plaisant pour votre clientèle et ce qui le sera également pour vous.
Si vous ne créez que pour les autres, sans passion, vous risquez de ne pas tenir la distance. Si vous créez par passion, juste pour vous, vous risquez de ne rien vendre. Il faut donc trouver un juste milieu. Vous pouvez par exemple vous fixer l’objectif de financer votre seconde production par la vente de la première et ainsi de suite pour grossir et augmenter les moyens que vous pouvez mettre en œuvre.
Travailler seul ou accompagné
On peut démarrer seul, avec les moyens du bords, mais l’on peut aussi se faire accompagner pour être capable de mener à bien des parties du métier que l’on maitrise mal. L’assistance de prestataires externes peut donc être requises qu’ils s’agisse d’autres artisans ou d’associés dès lors que du matériel ou des compétences nous manquent. D’ailleurs, comme je l’explique plus bas, je raisonne en terme d’entreprise, mais bien souvent les toutes petites maisons d’éditions sont des associations.
La micro édition est une entreprise comme une autre
J’ai une vision d’entrepreneur, parce que toute activité demande du temps et qu’il faut par ailleurs gagner sa vie. J’essaye autant que faire se peut de concilier mes passions et mes revenus. Beaucoup de gens scindent leur vie : ils ont une vie personnelle et une vie professionnelle. Certains ont une double vie, ce qui est encore plus compliqué.
Personnellement, me me contente d’une simple vie et je ne distingue pas mes activités professionnelles de mes activités personnelles. D’ailleurs, comment le pourrais-je réellement ? Quand j’écris cet article, c’est un plaisir et cela ne me permet pas de gagner directement de l’argent. Peut être que cela vous donnera envie de découvrir mon travail, d’explorer ma boutique et d’acheter l’une de mes éditions. Est-ce là ma vie professionnelle ou personnelle ? Il est 17h et c’est dans un horaire de bureau. Disons alors que c’est une activité professionnelle.
Dimanche, je vais peut-être faire une partie de JdR. Si je teste l’un des lieux prêt à jouer que j’ai écrit et prévu de mettre en vente dans la boutique, est-ce que je suis en train de travailler ou est-ce que je suis en train de jouer ? Ce moment là doit il être inclut dans ma vie personnelle ou professionnelle ?
Un dernier exemple pour enfoncer le bouchon. Je suis par ailleurs développeur web, c’est une autre passion. Lorsque j’ai une commande et que je travaille sur la création d’un site web pour un client, j’adore ça et ça me rapporte directement de l’argent. Est-ce ma vie professionnelle ou personnelle ?
D’ailleurs, quand on connaît l’étymologie du mot travail (qui provient du latin trepalium, qui est un outil de torture à trois pieux), on peut se demander si ce que je fais est vraiment considéré comme un travail.
Une philosophie de vie
La meilleure façon de l’expliquer est peut être ce que ma famille et mes amis disent de moi : selon eux, je n’ai pas de vrai travail 🙂 En effet, je donne l’impression de ne pas avoir de contrainte et de toujours faire ce dont j’ai envie. Je m’amuse chaque jour et j’adore ça. Il m’arrive pourtant souvent de faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Comme tout le monde, j’ai des obligations. Mais sur ce sujet, je reconnais bien volontiers mon statut de privilégié.
En réalité, peu importe. Dans un monde ou être débordé semble être un marqueur social de réussite, je me réjoui de dégager une impression contraire. La réussite telle qu’on l’entend en générale est subjective. Si quelque chose doit être fractionné, ce n’est pas la vie, mais les réussites. Car c’est la succession de petites ou grosses réussites qui mène à une vie réussie… de son propre point de vue. Cette digression, bien entendu, n’engage que moi.
Mais revenons au sujet qui vous intéresse !
Quel matériel et outils sont nécessaires pour devenir micro éditeur ?
Pour produire un fanzine par exemple dans le domaine du JdR ou n’importe quel autre, il suffit d’une imprimante et d’une agrafeuse. Il vaut mieux une imprimante laser ou une photocopieuse, parce que le toner coute beaucoup moins cher que l’encre liquide des imprimantes jet d’encre. Pour l’agrafeuse, je recommande un modèle avec un cou très long pour pouvoir agrafer au centre des pages pliées, comme pour les brochures.
On peut produire beaucoup d’autres choses et donc avoir besoin d’un matériel tellement varié qu’il m’est impossible de tout détailler ici. Vous pouvez imprimer des livres à l’ancienne avec une petite presse d’imprimerie, faire des reliures en carton ou en cuir, fabriquer des décors en papier, carton ou papier découpés à l’aide de petite machines programmées, éditer des cartes postales, des cartes à jouer, des bandes dessinées, des jeux de société, graver des CD ou faire presser des vinyles de vos musiques ou chansons que vous pouvez également distribuer en version numérique, etc.
Tous les artisans / artistes disposent déjà du matériel de base nécessaire. Je suis persuadé, quelle que soit votre activité que vous avez déjà une partie de ce dont vous avez besoin pour produire quelques exemplaires. Et si ce n’est pas le cas, rien ne vous empêche de faire appel à un artisan dont le métier est complémentaire au vôtre. Personne n’a dit que vous deviez tout faire tout seul.
Si vous débutez et que vous n’avez rien à votre disposition, il vous faudra d’abord acquérir quelques outils et un peu d’expérience avant de vous lancer.
Les outils que j’utilise pour ma micro édition
Nous distinguerons deux catégories d’outils. D’un coté, les logiciels et applications, d’un autre coté le matériel.
Les logiciels et applications pour la micro édition
Pour la création graphique, j’utilise la suite Affinity composée d’Affinity Photo pour la retouche photo et le dessin bitmap, Affinity Designer pour le dessin vectoriel et Affinity Publisher pour la mise en forme de magazines et livres. Ce sont des concurrents directs de la suite Adobe qui présentent les avantages énormes d’être à la fois très performants, très complets et peu couteux car ils ne fonctionnent pas sur abonnement. Et le prix d’achat est vraiment très abordable. Des indispensables selon moi.
Si vous voulez utiliser des logiciels gratuits, vous pouvez remplacer Affinity Photo (équivalent de d’Adobe Photoshop) par GIMP et remplacer Affinity Designer (équivalent d’Adobe Illustrator) par Inkscape et remplacer Affinity Publisher (équivalent d’Adobe InDesign) par Scribus.
Pour les montages sonores j’utilise le logiciel gratuit Audacity et pour la création des plans et vues 3D, c’est le fabuleux Dungeon Alchemist.
J’utilise aussi régulièrement les outils de la suite Libre Office pour conserver certaines informations. Mais j’affectionne particulièrement l’application Synology Note Station que l’on peut utiliser avec un NAS Synology.
Un NAS est un petit serveur personnel qui permet de travailler avec des applications cloud et de sauvegarder les données de tous vos appareils.
Synology Note Station est un outil de gestion de tâches et de notes dans le cloud qui me permet d’organiser toutes mes idées. Ce genre d’outil m’est aussi indispensable parce que je suis en permanence en train de noter des idées, des améliorations, des corrections, etc., pour tout et n’importe quoi. Je partage les données entre mon ordinateur, mon iPhone et mon iPad et tout est centralisé sur mon NAS.
Dans le même genre, vous pouvez utiliser Google Keep que j’aimais bien et qui est gratuit.
Le matériel de micro édition
J’utilise un vieux PC gamer avec Windows 10, un processeur Intel Core i7-7700K @ 4.20 gHz, 16 Go de RAM un disque système SSD et une carte graphique NVIDIA GeForce GTX 1080 Ti 11 Go. Ca tourne encore plutôt bien. Assez en tout cas pour jouer et pour travailler dans de bonnes conditions. Les deux écrans Samsung 22 pouces sont indispensables. C’est tellement pratique. Je n’arriverai plus à travailler avec un seul écran (ou alors peut-être un écran très large). De même que le clavier ergonomique Microsoft avec deux pavés de touches séparés et inclinés qui offre une position naturelle des poignets.
Le serveur NAS est un Synology 218+ avec deux disques en miroir. J’ai installé certaines applications comme Synology Note Station.
Je dessine quasiment exclusivement en numérique sur Ipad Pro avec l’application Procreate et le stylet Apple. J’utilise aussi beaucoup l’iPad pour prendre des notes avec l’application Synology Note Station, tout comme mon iPhone sur lequel cette application est aussi installée.
Pour les impressions, étant donné qu’il s’agit principalement de dessin, j’ai opté pour une imprimante Canon Pixma TS 8150 qui offre un rendu parfait sur papier photo Avery Premimum 270g/m². On peut le manipuler sans laisser la moindre emprunte de doigt. Je découpe mes cartes au cuter et à la règle en général. J’avais initialement une imprimante laser couleurs Konika Minolta Magicolor 1690 MF qui a fonctionné pendant des années. Les patins d’entrainement du papier on finit par s’user et devenir collant. Ce type de caoutchouc vieillit mal. Je l’ai donc laissée de coté.
Lorsque j’aurai besoin de produire un fanzine papier par exemple, il sera probablement nécessaire que j’achète une autre imprimante laser. Le cout est plus élevé à l’achat qu’une imprimante jet d’encre, mais c’est l’impression en quantité est beaucoup plus rapide et beaucoup moins chère.
Pour la création de mon jeu de société Farfadouille, j’ai imprimé les tuiles et la boite sur ce même papier photo et j’ai créé un fichier de découpe avec le logiciel Silhouette Studio dédié au fonctionnement de la Silhouette Caméo. Cette petite machine permet de découper n’importe quelle forme de manière automatisée et répétitive. Le travail de préparation et de découpage est relativement fastidieux, mais la précision est telle que l’on est certain de toujours obtenir un résultat identique, même pour des découpes de très petites tailles. Par ailleurs, c’est quand même beaucoup plus rapide qu’un découpage manuel.
Le micro Zoom H1 me permet d’enregistrer ma voix pour les descriptions ou monologues de PNJ que le livre avec certains lieux prêt à jouer. C’est le cas notamment pour « Les égoutiers de Norvenstas« .
Une machine découpe laser Scupfun S30 Ultra 22w me permet de découper et de graver de nombreuses matières pour fabriquer des accessoires JdR personnalisés, mais aussi des objets de décoration divers. Je l’ai placée dans une caisson ventilé et insonorisé de fabrication maison pour un meilleur confort d’utilisation.
J’ai transformé une imprimante Epson EcoTank ET-2811 en imprimante pour la sublimation, ce qui me permet, à l’aide d’une presse à chaud, de transférer n’importe quel dessin, image ou photo sur tous les tissus clairs 100 % polyester. Les résultats sont vraiment très lumineux.
Voici ce que je crée en tant que micro éditeur
J’ai décidé d’accorder du temps à l’écriture et à l’illustration de ressources pour les jeux de rôles. Il peut s’agir de lieux prêt à jouer, de scénarios, de cartes géographiques, de plans 3D (ou 2D), de fiches biographiques de personnages, de dessins, de cartes à jouer, des fiches de sort, de bestiaires, de compléments de règles, voire d’outils en ligne pour améliorer l’expérience de jeu. Ce sont des ressources génériques qui peuvent s’intégrer dans tous les jeux de rôles de type médiéval fantastique.
Bien entendu l’expérience ultime serait la création d’un ou plusieurs jeux de rôles. La tâche étant très chronophage, je la réserve pour un futur que j’espère relativement proche.
Ressource JdR gratuite
Pour les personnes inscrites à la lettre d’informations, j’offre une ressource JdR numérique à chaque saison. La toute première s’appelle « Le Relais du Pont ». Elle est téléchargeable gratuitement dès votre inscription et présente une auberge sur deux niveaux avec des écuries. Elle contient des plans et des vues 3D immersives des lieux. Il s’agit d’un extrait jouable dont la version complète augmentée de nouvelles informations et de fiches de personnages rejoindra la boutique.
Ressource JdR en vente
La première ressource vendue dans la boutique s’intitule « Les égoutiers de Norvenstas ». C’est également un lieu prêt à jouer qui présente en détail les égouts et les dangers que l’on peut y rencontrer. Il contient plusieurs plans et vues 3D immersives ainsi qu’un secret et des fichiers sonores. Depuis la création de cette ressources, d’autres sont venues compléter la boutique.
Accessoires JdR personnalisés
La création d’accessoires personnalisés pour les jeux de rôles et d’objets divers de décoration prend de plus en plus de place. Après un début avec des ressources digitales, il est plaisant de temps en temps de créer des objets tangibles, bien que la logistique soit très chronophage.
Bande dessinées
J’ai réalisé trois histoires courtes d’une planche en bande dessinée, dans trois style différents mais en noir et blanc. L’une d’elle seulement est en rapport avec les jeux de rôles. Je les ai imprimé et encadrées. Elles rejoindront peut être la boutique.
Cartes à jouer
Pour les besoins de mes parties JdR privées, j’ai édité une vingtaine de cartes à jouer afin de présenter des PNJ. Elles sont imprimées sur papier photo et placées dans des pochettes de protection en plastique. Après un remaniement graphique, elles seront peut être également ajoutées à la boutique. D’autres cartes devraient être ajoutées dans l’avenir, pour permettre d’améliorer la gestion des rencontres (commerçants, dangers, PNJ divers, etc.) dans vos parties.
Jeu de société
Lorsque ma fille était plus petite, j’ai créé un jeu de société très simple pour l’amuser. Et je me suis moi même pris au jeu. J’ai fais des illustrations, créé des tuiles, un livret de règles du jeu, une boite. Et je l’ai présenté à la convention Octogône à Lyon pour les jeux et l’imaginaire.
Outils JdR en ligne
Pour les besoins de nos parties JdR privées distancielles de l’excellent Blacksad, j’ai développé un lanceur de dés. En effet, les dés sont particuliers. Il en existe de deux couleurs et les faces sont spéciales. En parties à distance, il faut donc que chaque joueur possède son set de dés spéciaux. Une alternative consiste à coller des gommettes de couleur sur les faces de nos dés à 6 faces classiques. La meilleure solution était tout de même de développer un petit outil qui gère également les bonus (sans entrer dans le détail des règles).
Cet outil reste privé pour le moment. J’attends l’autorisation des différents éditeurs (La Loutre Roliste, Dargaud et Nosolorol) pour savoir si je peux le rendre public gratuitement. Le cas échéant, je ne manquerai pas de partager l’information et le lien d’accès.
J’espère vous avoir éclairé un peu sur ce qu’est la micro édition.
Si vous êtes vous même micro éditeur (ou que vous souhaitez le devenir), je vous invite à faire part de vos expériences ou questionnements en commentaires.